Quand le manga s’empare du monde LGBT
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En termes de sexualité, la majorité des gens voient un couple comme étant l’union d’un homme et d’une femme et que touts autres schémas seraient qualifiés de contre-nature donc, anormaux. Voilà pourquoi elle reste un sujet tabou. Certaines personnes sont aussi outrées pour toutes scènes évoquant l’amour ou la relation entre les genres du même sexe d’où les propos et les manifestations homophobes de toutes sortes. En aimant une personne de son sexe et en se sentant mal dans sa peau à tel point de vouloir changer de sexe, on peut se faire agresser et oppresser !
La haine des homophobes peut ainsi rendre le quotidien d’un homosexuel, horrible. Plusieurs œuvres de mangas japonais abordent le dénigrement de la communauté LGBT afin de pousser les lecteurs à la réflexion sur le sujet.
Chacune de ces œuvres poussent aussi à l’analyse de la manière dont les auteurs abordent cet univers.
Une émergence dans les années 70
Pendant les années 60 et le début des années, le Japon a bien connu des nombreuses révoltes progressistes qui ont impacté la littérature et les arts de façon très radicales pour certains. De nombreux tabous ont ainsi volés en éclats, dont le plus important : l’homosexualité.
Pays conservateur à l’extrême, le Japon a vu démocratiser ce sujet avec le lancement d’une œuvre de shonen ai, se traduisant par « amour entre garçons », du titre de « LE CŒUR DE TOMAS », par Moto Hagio. L’histoire parle de Thomas, un garçon qui s’est suicidé après s’être dévoré par son amour pour un garçon appelé Juli. Ce dernier fût troublé par un élève qui ressemble tellement à Thomas qu’il haïssait pourtant de son vivant. Dans cette série, l’amour fût peut-être un secret mais pas l’homosexualité. En effet, pour la toute première fois, ce sujet n’est plus traité comme tabous d’autant plus que l’histoire se déroule dans une école pour garçons.
L’avènement de l’animé lgbt débute alors dans les années 70, à l’époque où l’on s’inspirait beaucoup de Devilman de Go Nagai de Berserk. On associe ainsi la suscite de l’intérêt pour le manga gay à ce goût commun pour la démonologie. Ces dernières décennies, avec le lancement du manga lgbt netflix, le choix sur les œuvres devient plus vaste.
Pour appuyer la révolution littéraire au niveau des mangas japonais, différentes œuvres abordant la bisexualité féminine comme Maria et Lady Snowblood ou encore « La Plaine de Kanto ». S’intéressant alors à la question d’homosexualité, Kazuo Kamimura narre l’histoire de deux garçons qui étaient amis depuis l’enfance. Depuis son plus jeune âge, Ginko, l’un des deux garçons, se fait passer pour une fille de par le simple fait qu’il se sent mieux et s’accepte plus ainsi. Les pressions sociales ont obligé le jeune homme à garder secret son travestissement. Arrivé à l’âge adulte, celui-ci a pu affirmer sa sexualité et a ouvert un bar gay. Kazuo Kamimura, malgré le fait de parler d’un personnage sans pudeur, réussit à adopter un style narratif très évocateur sans jamais tomber dans la vulgarité.
Si plusieurs série de best lgbt manga font des problématiques liées à l’homosexualité leur principal sujet, d’autres les abordent de façon plus subtiles à travers des personnages qui n’ont rien à avoir avec cet univers. Cela suscite ainsi la curiosité et surtout le fantasme sur la matière. Lire ou regarder des animés mangas à connotation homo par l’intégration de personnages gays ou transgenres est plus un moyen de permettre aux lecteurs de fantasmer que de vraiment apprécier les scènes s’ils ne sont pas encore des militants pour cet univers.
Le fantasme de l’homosexualité
Dans les mangas japonais, l’homosexualité est attrayante par son côté érotique, plus précisément, comme vecteur d’érotisme. Le gay manga sert ainsi à désigner les œuvres assez provocantes, mettant en œuvre les relations intimes (pas forcement sexuelles) entre hommes ou entre femmes (dans bien de rares cas).
Douces ou violentes, invraisemblables ou bien réalistes, ces relations permettent avant tout de nourrir le fantasme des lecteurs. Très souvent, les scènes sont assez explicites sur ce que pourrait arriver dans l’intimité des personnages gays dans le film ou le livre manga LGBT.
Si les Hentai japonais sont déjà très en avance sur les scènes érotiques et sont déjà très explicites sur la destination de la série, le manga est sur le stade évocateur de l’imaginaire, celui qui tend à réveiller une certaine fantasme pour l’homosexualité.
En définitive, il est possible d’aborder le sujet de l’animé lgbt de différentes manières. Que la bande dessinée soit de type sexuelle ou simplement sensuelle, l’auteur a la totale liberté sur les thèmes et les scènes à mettre en avant. C’est ensuite au lecteur d’être sensible à une séquence d’image ou à une autre, selon la subtilité de ses fantasmes et surtout en convenance à ce qu’il recherche réellement pour motiver son imaginatif. Pour répondre à toutes les envies et recherches, les auteurs proposent une large gamme de choix sur les séries mettant en avant les relations entre les personnages du même sexe. Voici quelques exemples de best lgbt manga contemporains les plus suivies.
Un petit guide du débutant sur les best lgbt manga
Si l’on associe l’apparition du thème LGTBQ dans les mangas japonais dans les années 70, les versions dites « contemporaines » ont pris un peu de distance avec le côté assez tragique de leurs précédents homologues. On attribue désormais aussi un nom à chaque catégorie : manga yaoi pour la romance entre les garçons et manga yuri pour la romance entre filles. Pour cette dernière, on peut par exemple citer les mangas lgbt netflix ou classiques comme Seven Days de Venio Tachibana ou Whispered Words de Takashi Ikeda. Ces dernières années, certains auteurs de manga ont brisé la moule du yaoi et de yuri à travers des thèmes qui vont souvent au-delà de l’orientation sexuelle des personnages. Certains de ces œuvres sont ainsi vite devenus, incontournables.
Aime-moi pour ce que je suis (de Kata Koyama)
Sortie en Juin 2020 et publiée par Seven Seas Entairtainement, « Love me for what I am » est une série de manga LGBT très prometteur Le premier volume de cette trilogie présente le protagoniste non binaire Mogumo. Invité par un étudiant à travailler dans un maid-café et vite pris pour un garçon travesti en raison de sa façon de se présenter. L’histoire permet aussi de faire la connaissance de Queer et de Genderqueer qui ont pu affronter leur problème de sexualité de façon plus rassurée grâce au soutient de Mogumo.
Nos rêves au crépuscule (de Yukhi Kamatani)
« Our Dreams at Dusk » est une série de quatre volumes, une autre publication de Seven Seas Intertainment. L’histoire parle de Tasuké Kanamé qui a été présenté accidentellement comme gay à ses camarades de classe. Un jour à l’école, il a remarqué une jeune fille qui a sauté depuis la fenêtre d’un immeuble et a couru pour voir ce qu’il en est. La jeune femme s’en sort indemne. Il s’avère que le bâtiment est un centre d’accueil pour les personnes LGBT. La série se concentre ainsi sur la sexualité qui diffère de la norme, une sorte de soutien rarement vu dans les mangas du même concept. Le manga fait ainsi référence à différents sujets comme les expériences LGBTQ+, le coming out ou la difficulté de certaines personnes à afficher leur identité telles qu’elles le sont vraiment.
La mariée était un garçon (de Chii)
« The Bride was a boy » est un volume unique, une autobiographie d’une femme transgenre qui a toujours voulu être une fille depuis son jeune âge. L’histoire raconte ainsi les expériences du mangaka dans sa peau de femme qui devait alors faire face aux problèmes LGBT dans son pays. Équilibre parfait entre la légèreté, la réalité et le sérieux d’un narrateur, cette œuvre raconte une histoire très réfléchie bien que divertissante. En Amérique, les lecteurs ont été bien saisis par cette histoire de Chii qui est à la fois nouvelle mais très familière aussi. À part son inquiétude, l’écrivain a su quand même coucher ses vécus, depuis son âge adulte jusqu’à son mariage.
Le mari de mon frère (de Gengogroh Tagame)
Yaichi est un père japonais célibataire qui a un frère jumeau appelé Ryōji. De nature homophobe, Yaichi doit quand même accueillir Mike, le mari canadien de son frère jumeau, chez lui. Si Hana, la fille de Yaichi, n’a aucun problème avec Mike, Yaichi se déstabilise un peu face à différents problèmes émotionnels. Il doit effectivement faire face à son homophobie et son chagrin tout se sentant obligé de tenir une promesse faite à Ryōji. On est ainsi face à un puissant récit qui évoque la volonté de Yaichi de se changer et d’accepter les choses telle qu’elles le sont. Dans cette œuvre, l’auteur souhaite mettre à l’évidence, la volonté de bon nombre de ses compatriotes à accepter l’homosexualité comme étant une réalité.
Qu’est ce que tu as mangé hier? (de Fumi Yoshinaga)
Combinaison de différentes thématiques qui abordent la romance gay et la cuisine, « Qu’est-ce que tu as mangé hier ? » évoque l’histoire de deux hommes de 40 ans : Shiro Kakei, un avocat et gourmand cuisinier et Kenji Yabuki, son petit ami le coiffeur. Chaque chapitre de la série présente une recette de nourriture différente et une question différente LGBTQ + Japon en cours de discussion. Il y a par exemple un chapitre qui parle de Kakei qui est un peu réticent à l’idée de sortir avec ses collègues. Pour Kakei, cuisiner est une manière de se détendre après les journées de travail mais aussi un moyen de communiquer avec son entourage. Des évènements plus ou moins poignants accompagnent alors chaque question de nourriture, aussi simple qu’elle soit.
J’entends la tache solaire (de Yūki Fumino)
« I hear de Sunpot » est un œuvre qui met en avant un jeune étudiant malentendant se tenant toujours à l’écart de ses camarades à cause de son handicap, Sugihara Kohei. Sagawa Taichi quant à lui, est un étudiant sortant ayant besoin d’argent et de repas. Les deux personnages se rencontrent et se soutiennent mutuellement : Taichi prend des notes pour Kohei en échange de repas. Cette relation au début anodin évolue en quelque chose de plus en plus intime au fur et à mesure que les deux étudiants ont appris à se connaitre et quand Taichi a brisé les murs de Kohei. à part la romance entre les deux personnages, cette série met aussi en évidence les problèmes rencontrés par les personnes malentendants au sein de la société. Malgré un préjugé qui n’est pas démontré de façon rationnel, l’individu tente tant bien que mal de comprendre cette situation assez désagréable. Pris entre le monde des sourds et des entendant, Kohei essaie d’aborder son handicap avec plus de relativité et sa connexion avec Taîchi l’aide beaucoup à se réconcilier avec lui-même. Entre temps, les deux jeunes hommes ne cessent de découvrir mutuellement et vont vers une expérience de romanc assez atypique.
En bref, cet article n’a pas pour objet de faire une liste des œuvres qui abordent ouvertement ou avec plus de subtilité l’homosexualité et le changement de genre. Pour découvrir les œuvres qui ont marqué l’histoire des militants pour une relation et la liberté des personnes du même sexe à être en couple ou à être ce qu’ils veulent, vous pouvez faire une petite recherche sur les tops du best lgbt manga, du manga lgbt netflix, ou de l’animé lgbt. Ce billet a aussi pour vocation de rappeler à tous que le manga s’est déjà intéressé à l’univers des LGBT depuis des lustres et continuent encore à démocratiser ce sujet qui semble encore faire des vagues dans bien des cultures.
Alors si vous rencontrez, avez des amis ou des connaissances qui aiment des personnes de même sexe qu’eux, il vous faut commencer par respecter leur choix. Si vous ne comprenez pas pourquoi un garçon souhaite se changer en fille ou inversement, il vous suffit juste d’ignorer la question et de ne pas réprimer un choix qui ne vous concerne pas. Bien entendu, le monde LGBT a toujours été au centre des discussions polémiques mais vous n’avez pas juste le droit de harceler ou d’insulter ces gens. Ce petit résumé a justement été fait pour vous aider à se rendre compte du fait que les couples homosexuels ont tout à fait les mêmes droits que les couples hétéros. En lisant une ou deux des œuvres ci-dessus, vous pouvez conclure que cet univers n’est pas que péché et outrage à la norme.